Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1843 > Février > 13

13 février [1843], lundi matin, 11 h. ½

Bonjour mon Toto bien-aimé. Bonjour mon ravissant petit homme, bonjour, je t’aime. Comment vont tes pauvres yeux ce matin ?
J’ai oublié, ce qui me contrarie plus que je ne puis te le dire, la lettre à M. Debelleyme pour Mlle Hureau. Outre que cela peut empêcher cette pauvre femme de gagner son procès, cela peut avoir des inconvénients pour ma fille plus tard. Si tu viens assez tôt aujourd’hui je te prierai de l’écrire cette lettre et je l’enverrai porter par Suzanne. Mais tu as tant de choses à faire qu’il est peu probable que tu viennes assez à temps. Je suis bien contrariée de mon oubli. C’est ma faute, je ne peux m’en prendre qu’à moi et c’est ce que je fais.
Je voudrais bien que cette pauvre Didine ne signe pas le contrat aujourd’hui le 13 [1]. Cela n’est pas tellement pressé qu’il faille en passer par cette date fâcheuse. Ainsi, si tu as quelque influence sur cette chère petite bien-aimée, il faut l’employer à reculer de douze heures la signature de son contrat. Je ne me mêle pas de ce qui ne me regarde pas en te disant cela parce que le bonheur de cette enfant m’intéresse autant que toi et que je désirerais écarter d’elle toutes les mauvaises chances parce que je sais aussi que ton bonheur dépend du sien et réciproquement le mien. Tu vois donc mon cher petit que j’ai toutes les raisons du monde pour désirer tout ce qui peut assurer le bonheur de cette enfant.
Tu n’as pas de répétition aujourd’hui sans doute. Mais tu n’en auras pas plus de temps à me donner, je le crains. Pense à moi, cher adoré, désire-moi et aime-moi. Je te le rends et mille fois plus.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 139-140
Transcription de Olivia Paploray, assistée de Florence Naugrette


13 février [1843], lundi soir 5 h. ¼

Tu es bien occupé, mon cher adoré, tu es bien préoccupé de l’avenir et du bonheur de ton enfant. Je le sais mon amour et je m’associe à tout ce que tu éprouves. Pense à moi, mon Toto, qui t’aime tant, à moi qui ai mis toute ma vie et toute ma joie en toi et qui mourrai le jour où tu ne m’aimeras plus.
Je désire plus que jamais avoir quelque chose de cette bien-aimée jeune fille, qui sera bientôt une adorée jeune femme, parce que ce sera un lien invisible d’elle à moi et qui me donnera le droit de continuer à l’aimer Madame comme je l’ai fait à l’état de poupée ravissante. J’espère que tu penseras à lui demander ce que je t’ai dit et qu’elle ne te refusera pas j’en suis sûre. Quant à ma pauvre Dédé, je lui laisse son mogneau vert tout entier. C’est très généreux de ma part et digne de figurer dans le tableau, si saisissant, du jugement du grand Salomon (voir chez Curtius [2]).
Je crois que j’aurai le courage aujourd’hui de finir mes comptes. Ce sera très héroïque de ma part car pour très peu de choses et rien avec, je les planterais là à tout jamais.
Bonjour Toto. Jour mon cher petit o. Tâche de venir mon adoré avant ton dîner si tu peux. J’ai bien besoin de te baiser.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 141-142
Transcription de Olivia Paploray, assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Il s’agit du contrat de mariage.

[2Curtius : Musée de cire populaire.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne