23 octobre [1838], mardi après-midi, 1 h. 15
Bonjour mon cher petit bien aimé, bonjour. Je t’aime. J’ai fait la paresseuse ce matin, je me suis levée tard parce que depuis deux ou trois jours j’ai peu dormi à cause des coliques. Au reste il est tard, mais pas autant que ma vieille radoteuse de pendule l’indique.
Me feras-tu sortir aujourd’hui ? J’aurais besoin de donner un savon à la mère Pierceau pour mes chemises. Je ne peux vraiment pas les lui laisser saveter [1] comme ça, sans jeter les hauts-cris.
Bonjour mon petit homme adoré, bonjour mon cher petit vilain jaloux. Bonjour, bonjour, bonjour. Vous n’avez rien à craindre, qu’on vous dit. Et puis soyez jaloux si cela vous convient : de toute façon je vous trouve adorable. Ainsi que cela ne vous arrête pas dans vos stupidités, plus vous en faites, et plus vous êtes i.
Il me semble, mon Toto, que si vous vouliez vous pourriez bien me faire sortir aujourd’hui, puisque vous allez à la répétition et que c’est dans votre quartier ? Je ne veux cependant pas que ça vous dérange, j’aime mieux souffrir dans mon cœur que de vous ennuyera. Je t’aime mon Toto, c’est bien vrai.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16336, f. 79-80
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette
a) « ennuier ».