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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 octobre [1838], mercredi, midi ¼

Mon cher bien aimé petit homme, mon âme se [fond  ? fend  ?] en pensant à toi. Je voudrais trouver des paroles pour exprimer ce que je sens, je ne trouve que du [illis.] tant ta beauté et ta bonté sont au dessus de la beauté et de la bonté des autres hommes.
Ce ne sont pas des fadaises ni des compliments d’un amour ordinaire, c’est le cri bien profond et bien vrai d’une âme qui t’admire autant qu’elle t’adore. Ce matin pendant que tu parlais de cette pauvre petite créature, ton beau front rayonnait comme celui du bon Dieu. Aussi c’est ce que j’aime dans ton portrait, et la seule chose qui te ressemble, ce sont tes deux [bosses  ?] illuminées. Oui mon Toto vous êtes beau et bon, ne vous fâchez pas et donnez moi vos pieds à baiser. Je viens d’envoyer la bonne chez le marchand d’étoffe. Je dépense plus d’argent que je ne suis grosse et tout cela avec le plus d’économie et le plus de discrétion possible, en vérité on n’est pas plus vorace que moi malgré ma prétention à la petite bouche.
aJour, mon petit o. Je vous défends de mettre vos beaux atours, je vous le défends sous peine de plusieurs coups de fusils à plusieurs coups.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 7-8
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

a) Dessin :


3 octobre [1838], mercredi, 4 h. ½

Depuis tantôt je nage dans mes zaillons sans pouvoir trouver ce qu’il me faut, QUEL MALHEUR !!! Il paraît, mon cher petit homme, que vous avez eu répétition puisque vous vous êtes éclipsé toute la journée de mon ciel ? Il faudra cependant que j’aille un jour vous surprendre à la répétition du Conservatoire pour mes menus plaisirs.
Je vous aime, mon cher petit homme, et j’espère vous le prouver ce soir à pied comme à cheval. Je vais copier ce soir le rôle de la reine parce que si tu as besoin du manuscrit, je te le rendrai sans crainte de ne pas savoir à la lettre, mais jamais je ne le jouerai. Je n’ai pas assez de bonheur pour cela. La chose que je désire le plus ne se réalisera jamais. J’ai le pressentiment que je mourrai avant d’arriver jusqu’à créer un de tes admirables rôles de femme. Je suis triste quand je pense à cela et j’ai envie de pleurer. Je t’aime, mon Victor bien aimé, je t’aime, souviens toi de cela quoi qu’il arrive jamais. Je voudrais te voir dans ce moment. J’ai besoin d’un baiser de toi pour relever mon courage qui s’en va.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 9-10
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

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