5 septembre 1873

Paris, 5 septembre [18]73, vendredi matin, 7 h. ¼

Bonjour, mon cher petit grand homme, bonjour, je t’adore. « Si cette histoire vous ennuie, nous allons la recommencer » [1] : Je t’aime, c’est bien fait ; ça vous apprendra à vous adresser, imprudent, à une vieille bretonne bretonnante très entêtée et qui aime mieux vous adorer que décéder. Le temps ce matin flaire déjà l’automne et la température est assez verdâtre en ce moment. Je crains que ton fils ne soit forcé de rentrer à Paris plus tôt qu’il ne voudrait. Ce déplacement étant imminent, de toute façon, tu ferais peut-être bien de t’assurer dès à présent si tu peux compter sur l’offre du propriétaire de te prêter sa chambre et si le Hullin consent^a à te louer celle que tu destines à Mariette. A ta place je battrais Collin pendant qu’il est chauve [2] et je tenterais la cupidité, pratique, du vieux Hullin. Cela terminé, une bonne fois pour toutes, j’aviserais à faire venir Suzanne qui peut nous rendre ici de signalés services au point de vue de la cuisine et du train-train de ma maison. Je te donne ce conseil parce que je le crois bon ; maintenant tu en feras ce qu’il te plaira car je n’y attache d’autre importance que celle de bourdonner autour de ton coche de plus en plus empêtré de ton génie et embourbé dans ta gloire. À présent, pouvez-vous me prêter à copire ? Je tends mon cœur, mes bras, ma plume vers vous. Il va falloir que je fasse payer les impositions aujourd’hui ou demain, je paierai aussi la mère Lanvin quand elle viendra. Je termine par le mot de la fin : je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 259
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette

a) « consens ».