Guernesey, 28 juin [18]73, samedi, 8 h. du m.
J’espère bien pour toi, mon cher bien-aimé, que tu dors encore ; mais avant de m’en assurer je t’envoie mon tendre bonjour ailes ouvertes. Cela te donnera le temps de te réveiller et à mes gensa celui de se lever d’ici à ce que j’ouvre ma porte. Quant à moi j’ai passé la nuit courte et bonne ; aussi je me porte admirablement depuis que tu m’as admise au régime de ton dernier chef-d’œuvre [1] ! Je pense avec inquiétude qu’il va falloir m’en passer AUSSITÔT après le départ de ton cher Paul Meurice. Il est vrai que j’aurai encore un fier regain de bonheur dans le collationnement de ce formidable et sublime livre mais rien ne vaut pour moi le suprême honneur et l’incommensurable bonheur de te l’entendre lire d’un bout à l’autre. Au risque d’être indiscrète et peut-être de te fatiguer en joignant mes instances à celles de ton admirable ami Meurice je crois que je ne résisterai pas au désir de te prier de nous lire encore quelques merveilleuses pages aujourd’hui. Audaces fortuna juvat [2] ! Je me risque et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 194
Transcription de Maggy Lecomte et Manon Da Costa assistées de Florence Naugrette
a) « genses »