Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Juin > 17

17 juin 1838

17 juin [1838], dimanche matin, 11 h.

Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour mon petit homme, je ne te demande pas comment tu vas, je [ne] le devine que trop. Mon pauvre Toto chéri, c’est le 30 janvier dernier, en 1838, que tu as donné 200 francs à [Phophenoffen ?], précédemment tu lui avais donné la même somme le 12 mars 1837. Il me semble, mon chéri, que tu pourrais attendre à un autre moment pour lui donner d’autre argent et ne pas compliquer le fardeau si lourd de ma maison et de mon loyer en y joignant cette affaire ? Je ne te dirais pas cela, mon adoré, si j’avais des ressources dont tu me laisserais disposer, mais la pensée que c’est aux dépensa de ton repos et de ta santé que tu subviens à toutes mes dépenses me désespère et me rendrait presque malhonnête. Tu ne sais pas de quel amour je t’aime, mon adoré, mais c’est bien fort et bien profond. J’ai rêvé cette nuit que tu étais couvert de punaises que je tuais en poussant d’affreux cris. Cependant je ne me suis livréeb à aucun acte de haute et basse justice sur les punaises humaines du Théâtre Français, à moins que ce ne soit dans mon sommeil et à l’état de somnambulisme, ce qui expliquerait mon rêve. Jour mon petit homme. Si j’ai été féroce et stupide hier, je vous demande pardon à quatre pattes et le museau sur vos pieds. Je ne le ferai plus jamais puisque je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 276-277
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « au dépend ».
b) « livré ». 


17 juin [1838], dimanche soir, 5 h. ¼

Mon cher petit homme, je rassemble tout mon courage pour ne pas me livrer à un affreux chagrin. Je sens si vivement le bonheur de t’avoir auprès de moi qu’il m’est bien impossible de ne pas sentir pareillement le malheur d’être séparée de toi presque toute l’année. Je me dis bien que tu travailles, je me dis bien mieux encore que tu m’aimes mais cela ne sert qu’à te faire désirer davantage. J’avais fait une magnifique invocation à saint Crépin pour vous forcer à revenir tout de suite changer de chaussures mais ce hideux Crépin n’en a pas tenu compte, aussi je le décanonise sur la terre et dans le ciel pour lui apprendre une autre foisa à être plus juste aux pieds de votre majesté. Jour no. Je suis bien bonne d’essayer de rire quand j’ai toutes les envies du monde de pleurer. Jour nonone. Jour mon petit o. Je vous ai fameusement bien nettoyéb votre clef, hein ? Vous me devez 36 francs 9 centimes, le dernier prix, ou bien une nuit d’amour payéec comptant sans le moindre délai car crédit est mort, les mauvais AMOUREUX l’ont tué. Donnezd votre petit pied, l’autre s’il vous plaît. Tiens ! Je n’en ai pas pour ma dent creuse, je vois deux entraits de pieds, donnez-moid toute votre chère petite personne adorée.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 278-279
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « autrefois ».
b) « netoyé ».
c) « payé ».
d) « donné »

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne