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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 19 février [18]73, mercredi matin, 8 h. ¼

Je t’ai vu mon grand bien-aimé et ma joie serait complète si je ne craignais pas que ton bobo ne t’ait empêché de bien dormir toute la nuit. J’enverrai Suzanne tout à l’heure porter ton déjeuner et savoir, si c’est possible, des nouvelles de ta chère santé. En attendant, je vois avec plaisir que le temps parait se fixer au beau ce qui te permettra de sortir tous les jours et me permettra aussi de t’accompagner dans nos charmants petits sentiers d’autrefois.
J’ai lu tout à l’heure la nouvelle et mélancolique préface de Marion de Lorme [1] et je comprends qu’elle ait douloureusement impressionné tes amis. Quant à moi, qui suis décidée à ne pas te laisser partir sans moi, je n’éprouve pas cette tristesse au même degré et je me prépare sans trop d’émotion au grand voyage en t’aimant de toute mon âme. C’est ma manière d’enlacer mon aile à ton aile le jour venu.
Je te remercie, encore une fois, de l’honneur que [tu] veux bien faire à la famille Lanvin en lui écrivant de nouveau.
En même temps je dois t’avertir que je vois poindre à l’horizon depuis quelques temps le désir de Blanche de voir sa mère car elle s’informe à droite et à gauche du prix d’un voyage en seconde classe de Paris à Guernesey. Ce matin, en voyant l’admirable temps qu’il fait, elle me disait : « oh ! Si maman pouvait respirer ce bon air une couple de mois seulement je crois qu’elle guérirait ! Quant à moi, a-t-elle ajouté, si Madame le permettait j’en ferais les frais de grand cœur ». Je lui ai répondu que c’était une chose à mûrir et non à improviser et que je lui en dirais mon sentiment plus tard. Bien entendu que je te réserve de dire oui ou non dans cette grave question et que j’accepte ton verdict d’avance. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 48
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Hugo écrit une autre préface, expliquant les raisons de son absence à la reprise de Marion de Lorme.

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