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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 avril [1836], mercredi matin, 10 h. ¾

Bonjour, mon cher petit homme chéri. Comment vas-tu ce matin ? Je voudrais bien te baiser, j’ai bien envie de te voir.
Je me suis endormie fort tard hier ce qui est cause que je me suis réveillée très tôt ce matin. Je ne regrette pas le temps que j’ai dormi puisqu’il a été employé à rêver de vous, et c’est ce que j’ai de mieux à faire quand vous n’y êtes pas.
Bonjour, mon cher petit bien-aimé, comment va ton bobo ce matin ? Il me semble que si tu avais usé de notre fameux remède, tu en aurais éprouvé un grand bien. Vois-tu, je sais par expérience depuis que je te connais que c’est le remède universel.
Je t’aime, mon Victor. Ce n’est pas assez pour moi de te le dire, je voudrais te le prouver. Je t’aime, mon pauvre petit bien-aimé, avec tous les sentiments à la fois. Je voudrais être ton tyran et ton esclave. Je voudrais avoir l’autorité pour t’empêcher de te tuer par le travail comme tu le fais tous les jours. Je voudrais être aussi ta servante pour te rendre tous les petits services de sollicitude et de soin dont tu as besoin. Enfin je ne sais pas si tu me comprends, mais mon amour est de ceux qui souffrent à rester dans l’inaction ; je voudrais prendre aussi ma place dans le dévouement d’une maîtresse à son amant. Je t’aime, vois-tu, mon pauvre ange. Tout ce que je sens, tout ce que je dis, tout ce que je veux, c’est que je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 352-353
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


27 avril [1836], mercredi soir, 7 h. 20 m.

Je t’écris en attendant mon dîner qui n’est pas encore prêt. Je viens de retrouver les deux notes dont une très ACADÉMIQUE. Cher petit espiègle, vous ne vous contentez pas d’être le plus beau, le plus noble et le plus grand et le plus aimé des hommes, vous voulez encore en être le plus LOUSTIC.
C’est très bien, je ne m’y oppose pas. Ah ça, mon cher petit bien aimé, viendrez-vous très tôt ce soir ? cela m’arrangerait d’autant mieux que je vous aime de toutes mes forces et que j’ai une envie de vous comme un rasoir.
Je vous assure que je ne me coupe pas du tout quand je vous parle ainsi. Vous pourrez en avoir la preuve en repassant très vite à la maison.
Han ! Han ! Ceci vous enfonce encore un peu plus vos clous. Il ne faut pas croire qu’il n’y en a que pour vous tout seul de L’ESPRIT. Je vous ferai bien passer des quarts d’heurea de bon sens tout aussi bien que vous le pourriez faire avec la femme la plus délicate.
Je t’aime, toi, voilà ce qui est vrai. Voilà la cause de ma joie, de mon bonheur, de ma gaieté. Je t’aime. Je t’espère, il me semble que tu vas venir et je suis très heureuse et très gaie.

Juju

BnF, Mss, NAF 16326, f. 354-355
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

a) « cardeurs ».

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