Paris, 22 avril [18]77, dimanche midi
J’espère que tu as passé une très bonne nuit, mon grand bien-aimé, et je pars de là pour bien commencer ma journée. Cela ne m’empêchera pas, quand je te verrai au déjeuner, de te prier de me donner quelques explications (curiosité de vieille lune qui s’intéresse rétrospectivement, dans le vieux ciel où elle est confinée, au jardinage galant, surtout au tien, qu’on pratique toujours sur la terre) à moins que mon indiscrétion te paraisse excessive toutefois. Auquel cas, je resterai avec mon béjaune comme il sied quand on se respecte comme ex-lune d’autrefois et comme vieille femme que je suis encore. Cela dit, mon sublime horticulteur, je pince une autre guitare d’après l’air joyeux entonné par tous les Lesclide en l’honneur de l’arrivée de Sa Dame depuis ce matin. J’ai profité de la bonne nouvelle qu’on est venu m’en donner pour les inviter tous à dîner demain, y compris le jeune Elzéar. Je compte envoyer Mariette prier P. Meurice de venir ce soir, ce qui portera à sept le nombre des convives. Et puis je t’adore du fond des nouveaux Hallo [1].
BnF, Mss, NAF 16398, f. 111
Transcription de Guy Rosa