Paris, 21 mars [18]77, mercredi, midi ½
Toutes voiles dehors, mon grand bien-aimé, je t’adore. Je viens de t’envoyer un numéro du Times avec une lettre de son correspondant ici et qui viendra chercher la réponse dans deux heures. Tu trouveras beaucoup d’autres lettres dont il serait inutile de t’en faire ici le rapport car tu auras plus tôt fait de les lire toi-même.
J’appelle seulement ton attention sur ceci que tu vas avoir à payer à la maison Rousselle :
1° le 28 de ce mois une traite de 582 F. 95
2° le 20 avril autre traite de 1 309 F. 50
Total 1892 F. 45
… d’ici cinq semaines.
Le tout pour les vins de luxe tels que Champagne et Madère et pour les eaux de vie et le rhum. Tout oiseux que soient ces détails, ils méritent cependant ton attention. Ce n’est pas la première fois que j’appelle ton attention sur ce côté de la dépense de ta maison, mais je me vois obligée d’y insister encore tant je la trouve excessive. Maintenant que j’ai dit, je reviens à mon thème ordinaire parce que c’est le fond et le tréfonds de ma vie, corps, cœur et âme. Je t’aime, je t’aime, je t’aime et puis c’est tout. Ne m’en demande pas plus car je ne pourrai rien y ajouter de toute éternité. Sois béni. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 82
Transcription de Guy Rosa