Paris, 12 février [18]77, lundi midi
Je te remercie, mon cher bien-aimé, de m’avoir fait demander si j’avais besoin d’un supplément d’argent ce matin mais heureusement ce que tu m’as envoyé suffit largement à la blanchisseuse, à la dépense d’hier, et j’ai pu encore donner 55 F. pour aller au marché ce matin ; plus 10 F. que j’ai donnés en ton nom à l’homme au cachot de l’Hospice Brézin [1]. Comme je ne pouvais pas en ton absence te consulter et qu’il lui était difficile de revenir à Paris d’ici à longtemps, j’ai pris sur moi de lui donner 10 F. que je crois bien placés car ils sont trois qui ont travaillé à ce cachot dont le débours, à ce qu’il paraît, monte à 32 F. Quant à la souscription que tu lui conseillais ou une loterie, le règlement de l’Hospice s’y oppose formellement ; on ne permet que le travail sur lequel la maison perçoit un droit. Je te dis tout cela pour que tu te rendes compte des faits. Si tant est qu’ils soient exactement rapportés par l’homme. Enfin, j’ai cru bien faire et si je me suis trompée pardonne-le moi en faveur de la bonne intention. Demain 13 j’ai à payer le mois de Rosalie 50 F. et le 22 de ce mois la traite du vin montant à 1 500 F. 60. Heureusement que je t’ai fait cadeau de deux mille vingt-trois francs avant-hier, avec mon cœur par surcroît. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 44
Transcription de Guy Rosa