Paris, 6 janvier [18]77, 7 h. du soir
J’ai l’espoir de déjeuner avec toi tout à l’heure, mon cher petit homme, ce qui fait patienter mon affreux estomac. Si tu n’étais pas aujourd’hui dans un de tes suprêmes coups de feu, je t’aurais prié de me faire sortir tantôt au risque de manquer le bon Lesclide qui doit venir collationner ce qu’il a fini de copier. Le temps est si doux et si gai depuis ce matin que cela me fait venir la prétentaine [1] dans les jambes et le désir de t’aimer à l’air libre jusqu’à pleine bouche, à plein cœur et à pleine âme. J’espère que si tu vas à Versailles mardi il fera ce même beau temps et que tu voudras bien m’emmener avec toi.
En attendant je passe mon temps à écosser ta correspondance et à amonceler tes cartes de visites en tas.
Je ne sais pas par exemple quand tu trouveras le temps d’y répondre ni même de les regarder. Justement te voilà. Tu penses que je ne vais pas m’attarder à finir ce gribouillis autrement que… Dernière heure : sept heures.
Je t’adore de toutes mes forces.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 7
Transcription de Guy Rosa