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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 4 juillet 1854, mardi après midi, 4 h.

Cher adoré, mon cœur se fond en admiration et en adoration devant ton ineffable et inépuisable bonté. Je ne sais pas si les pommes de terre ont des âmes et si les tables ont de l’esprit mais ce dont je suis sûre c’est que tu es la personnification sublime et divine de tout ce qu’il y a de plus grand et de plus doux. Aussi, mon pauvre adoré, ma stupide dénégation taquine n’est qu’un prétexte pour t’admirer et pour t’aimer encore davantage en supposant que ce soit possible, ce qui ne serait pas facile de démontrer. Quoi qu’il en soit, mon cher petit homme, je fais ce que je peux pour croire à toutes les choses que tu devines. Sinon la foi j’ai l’amour, ce qui est encore pire. En attendant je ne veux pas que vous vous livriez au mormonisme, c’est bien assez du Tototisme pour me mettre le cœur à l’envers.
Il est probable que sous prétexte de poste vous êtes à regarder les baigneuses devant votre terrasse ? Moi pendant ce temps-là je pile de la bisque et de la rage et je [fais ?] une pinte de bonne jalousie. Heureusement que j’ai pour me distraire la tendre correspondance de Féau, puis-je me plaindre ? À propos et ce pauvre Ponto l’avez-vous fait réclamer ? J’ai une peur de chien que vous n’ayez oublié ce pauvre don Juan à queue éreintée et qu’il ne soit déjà décembrisé par le Boustrapa des toutous. En attendant que l’arrêt se confirme, je vous baise à mort.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 233-234
Transcription de Chantal Brière

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