Paris, 21 juin [18]77, jeudi matin, 10 h.
Cher bien-aimé, je viens de lire la page que tu as ajoutée à ton discours et je te crie du fond du cœur au nom de la France et du monde entier dont tu es le civilisateur bien-aimé et sublime : « ne mourreza pas » ! Ce cri, tu l’as déjà entendu bien des fois sur ton passage dans des circonstances très graves et très somnellesb, moins que celle-ci cependant, car c’est le quitte ou double de la pauvre République qui va se jouer aujourd’hui [1]. Dieu veuille que nous ayons partie gagnée. J’espère que nous l’aurons. En attendant, mon grand adoré, je rassemble ce que j’ai d’énergie et de force pour t’accompagner et j’associe l’âme de ma chère fille, dont c’est l’anniversaire immortel aujourd’hui, à toutes mes espérances sur la terre et au ciel et je baise la trace lumineuse et bénie de tes pieds.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 166
Transcription de Guy Rosa
a) La lecture n’est pas douteuse.
b) C’est bien ce qui est écrit, peut-être pour « solennelles ».