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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 mai 1838

12 mai [1838], samedi matin, 10 h. ¼

Bonjour mon petit homme chéri, bonjour mon bien-aimé. Je me doute de ce qui t’aura empêché de venir, pauvre adoré. C’est l’argent de Jourdain ; demain ce sera autre chose et après-demain encore et toujours tu travailleras et toujours je t’attendrai, et toujours je serai triste et toujours je t’aimerai. Tâchez mon amour de n’être pas trop gai loin de moi, hier vous vous en êtes donné à cœur joie sur Granier, sur votre tapisserie, sur les vieux maîtres, sur tout le monde et vous n’avez pas pensé un seul instant à votre pauvre Juju si seule et si triste de votre absence. Je ne vous gronde pas, mon petit homme, seulement je vous prie de penser à moi quelquefois et de m’aimer un peu. Je vais prendre un bain, je souffre un peu des reins, je veux voir si cela me soulagera. J’aime mon petit homme, je l’aime de tout mon cœur et je le désire de toutes mes forces. Je le trouve bien beau de [illis.] mais je le trouverai bien i s’il vient tout de suite. D’ici là je le baise à toutes les places de son corps et de son âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 140-141
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette


12 mai [1838], samedi soir, 10 h.

Vous ne vous êtes pas retourné en vous en allant, pourquoi ça ? Moi, je vous suivais des yeux et de l’âme et j’ai été très triste de voir que vous n’y répondiez pas. Après mon dîner, j’ai eu la visite de Mme Lanvin et de M. Félix qui m’apportaient une petite fleurette. Je lui ai dit que je lui écrirai pour lui donner le jour où son mari pourra aller payer les contributions. Est-ce ce soir que vous faites la grande évolution pour le chevalier de l’ordre de ganachemane ? Si c’est ce soir, je ne suis pas au bout de mes peines et vous n’êtes pas près de revenir auprès de moi. Savez-vous mon petit homme que je vous ai à peine vu aujourd’hui, que vous avez toujours toutes sortes de choses à faire avant mon bonheur et qu’autrefois vous n’aviez que lui dans la tête et dans le cœur, ce qui était bien différent pour notre amour. Hélas ! Mon Dieu, maintenant, vous ne pensez plus qu’à vos affaires, à celles des autres et aux miennes mais pour de l’amour, zéro pas plus que dessus la main. C’est bien triste mais bien vrai et cependant je t’aime plus que le premier jour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 142-143
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

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