Paris, 31 janvier 1880, samedi matin
Je crois, mon grand bien-aimé, que tu feras bien de ne pas aller au Sénat aujourd’hui après la mauvaise nuit que tu viens d’avoir. Je trouve même que tu as été imprudent d’y aller deux jours de suite et, jusqu’à épuisement de très longues séances, tout de suite après ta mauvaise grippe. Aussi, si tu m’en crois, tu te reposeras toute la grasse matinée, et nous ne ferons qu’une promenade de santé pendant une heure au bon soleil, quand tu auras bien déjeuné. Cependant je me tiens prête dans le cas [1] à t’accompagner au Sénat, et si tu trouves utile absolument d’y aller. J’ai fini de rembourser et de payer tout notre arriéré ce matin. Mais à peine avais-je fini, qu’on m’apporte une note du 30 septembre 1879 de la maison Guisani, à moi inconnue, pour des réparations faites aux jalousies de la grande véranda, aux claies, aux poulies, aux traverses, aux plaques, montant à trente francs trente centimes. Mariette, certainement, aura oublié de demander en temps utile cette note. Je compte la faire régler par Robelin demain. Je ne peux pas faire mieux, et je t’adore, ce qui est le fond et le tréfond [2] de mon bonheur.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 32
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin