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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 décembre [1845], mardi matin, 10 h.

Bonjour, mon aimé, bonjour, mon plus qu’aimé, bonjour, mon adoré Toto, bonjour, comment vas-tu, comment m’aimes-tu ce matin ? Je viens de te préparer une grosse assiette de gros raisin dont tu feras de grosses bouchées ce soir. Je me réjouis d’avance rien que d’y penser. Mais pour que mon bonheur fût complet, il faudrait que j’eusse la permission de te donner deux bonnes grosses tapes de chaque côté des joues au moment où elles sont bien pleines. Ja, jaa, Monsire, Matame, ce serait le ponheur te Mamzelle Chichi [1].
Hein ! Quel temps ! Pourvu que tu penses à prendre ton parapluie et à mettre tes bonnes bottes encore. Il faudra pourtant m’apporter les vieilles (bottes) pour que j’écrive à Dabat de venir les chercher. Je t’écris cela pour que tu y penses chez toi et que tu les mettes de côté à temps.
Mon cher petit homme chéri, je vous aime, je vous adore, je ne suis heureuse qu’en pensant à toi et en espérant te voir bientôt. Tâche de venir bien vite dès que Frédéric* sera parti. D’ici là, je vais m’occuper de toi, te désirer et t’aimer de toute mon âme. Je te baise depuis ton cher petit nez jusqu’à tes chers petits pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16361, f. 261-262
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « Ia, ia ».


16 décembre [1845], mardi après-midi, 4 h. ¾

Penses-tu à moi, mon Toto ? Vas-tu bientôt venir ? Je t’attends avec courage parce que je sais combien tu es pris de toute part. Mais j’ai bien besoin de voir ta douce et ravissante figure pour oublier l’affreuse journée d’aujourd’hui et le mal de tête hideux qui en est la conséquence. Je t’attends, mon Victor, et je t’aime par-dessus les bords. Fais tout ton possible pour venir bien vite. Je t’en remercie par des millions de baisers quitte à te faire fuir tout de suite comme les enfants trop aimés qui glissent de vos bras.
En vous attendant, je vais copire à mort. C’est la seule bonne manière de me faire trouver le temps moins insupportable loin de vous. Aussi je vais m’y mettre à l’instant même. Hum ! je voudrais bien connaître la suite du vieux évêque [2]. Pour cela, il faut que je m’épêche, que je m’épêche le plus vite que je pourrai.
Soir, Toto, soir, mon cher petit bavard, je suis sûre que vous êtes encore avec Frédéric*. C’est bien à vous à vous r’pécher, si vous, vous m’aimez seulement le demi-quart de ce que je vous aime. Si j’étais aussi fée que je suis vieille, j’irais vous mordre l’oreille jusqu’au sang dans ce moment-ci pour vous forcer à penser [à moi  ?]. Hein ? que je suis une bonne Juju.

BnF, Mss, NAF 16361, f. 263-264
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Juliette imite l’accent allemand.

[2Juliette Drouet évoque Monseigneur Myriel.

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