10 février [1838], samedi, 6 h. ¼ du soir
Mon pauvre petit bien-aimé, j’ai peur que tu n’aiesa froid aux pieds et à ton cher petit dos. Mon pauvre enfant chéri, je ne suis pas une seconde sans penser à toi et sentir mon cœur tout entier ému de pitié et d’amour. Mon bien-aimé, mon Victor, comme je t’aime. Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais d’amour comme le mien.
Jour, mon Toto. Jour, mon petit o. Jour, mon gros To. Prends garde de laisser mouiller tes épaules, prends garde d’avoir froid. Et puis viendez très tôt me chercher. Je ne suis heureuse qu’avec vous. C’est bien vrai, mon petit homme, c’est bien vrai, mon cher bien-aimé. Si tu veux, demain matin j’enverrai chercher Mlle François pour venir avec moi à Hernani [1]. Elle sera ravie et moi j’aime mieux elle que Suzette qui est stupide et qui ne comprend rien de rien. Si tu veux, je ferai cela, ce sera très gentil. J’ai de plus en plus la preuve que le D… [2] empêche la mère Pierceau d’aller à Hernani et même d’en parler ; la pauvre femme se signerait volontiers lorsqu’elle entend seulement ce nom-là. Moi je ris dans ma barbe et je t’admire autant que je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16333, f. 63-64
Transcription de Marie Rouat assistée de Gérard Pouchain
a) « aie ».