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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 8 février 1860, mercredi, 8 h. du m[atin]

Bonjour, mon pauvre endolori. Bonjour, mon cher bien-aimé, comment vas-tu ce matin ? La friction t’a-t-elle enlevé ton torticolis ? As-tu bien dormi malgré cela ? Tu me le diras tantôt. Jusque-là j’espère que tu ne souffres plus. Du reste il fait un temps assez aigre doux : petite pluie et grand vent, auquel je dois probablement le mal de tête hideux que j’ai ce matin. Je ne pense pas que nous puissions faire notre visite aujourd’hui à la maison du crime à moins que le temps ne passe brusquement au beau ce qui n’est pas impossible dans cette saison fantasque et ce climat capricieux. Quant à moi je me tiendrai prête pour midi à tout évènement. Il est temps que je reprenne mes anciennes habitudes de me lever de bonne heure et de TRAVAILLER avec vous. Je n’oublie pas que j’ai mes chers petits livres à COPIRE et un trésor de manuscrits à copier avec amour et adoration. Aussi je me dépêche à sortir de ma podagrerie et à me dépêtrer de tous mes maux pour être tout entière à toi corps, cœur et âme. Dès à présent je te baise de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 14
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

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