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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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23 décembre [1843], samedi matin, 10 h. ¼

Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour le plus beau et le meilleur des hommes, bonjour, bonjour, je t’aime. J’ai rêvé de toi toute la nuit, mon adoré, mais comme toujours mes rêves étaient douloureux. Je ne sais pas à quoi cela tient que tous mes rêves sont tristes et hideux ? Cette nuit surtout je n’avais aucun motif de cauchemar car tu n’as jamais été plus doux, plus beau, plus tendre, plus noble, plus généreux, plus charmant et plus adorable qu’hier. Cela tient à des causes inconnues probablement contre lesquellesa toute ta ravissante et toute ton ineffable bonté ne peut rien.
Mon Victor je t’adore !
Comment vas-tu ce matin ? Que fais-tu ? Où es-tu ? Qui aimes-tu ? Voilà quelques petites questions qui m’intéressent plus qu’elles ne sont grosses. Je voudrais bien connaître les réponses… mais ça ne sera pas tout de suite. Je connais vos allures, scélérat, je sais très bien que vous m’avez accrochée à un clou pour un bon bout de temps. Vous agissez avez moi comme on fait avec les manchons en été. Vous me faites prendre l’air pour ne pas me laisser piquer des vers : vous êtes rajeuni depuis que je [vous ai ?] mais prenez garde que je ne me plus car… etc. Et puis vous me refourrez dans mon carton pour six mois. Voime, voime, beaucoup de talent Monsieur Toto. Baisez-moi, monstre, et défiez-vous de ma magie : car vous êtes charmant et vous seriez perdant. Baisez-moi encore, toujours encore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16353, f. 199-200
Transcription d’Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « lesquels ».


23 décembre [1843], lundi soir, 6 h.

Vous ne méritez pas que Toto 2ème soit PREMIER, scélérat, puisque vous ne revenez pas. Une autre fois je ne ferai pas de vœu pour lui. Pauvre ange adoré, j’en serais bien fâchée de n’en pas faire pour lui mais pour vous plus souvent, ce n’est pas une conduite ça je vous en préviens. Je n’accepte pas la mystification d’hier pour la fameuse journée de dédommagement que vous me promettiez depuis si longtemps. Je ne suis pas si boniface que cela. Vous me paierez toutes les injures et toutes les impertinences de la mère Pierceau par autant de jours de congé qu’il y aura de mots et de lettres dans chaque mot. Voilà le pensum que je vous inflige pour les avanies que vous m’avez values hier. Je n’en rabattrai rien.
Dites donc j’ai reçu mes étrennes. Voime, voime, je les ai payées aussi. Ça mitige un peu le mérite de la chose. J’ai donné vingt sous au facteur qui m’a donné en échange un almanach pour 1844. Voilà, mon Toto, les folies auxquelles je me livre quand vous n’y êtes pas, y compris celle de me jeter un seaua d’eau de puits sur le corps à trois heures du matin. Tout cela peut être fort gaib mais je veux encore autre chose. Devinez quoi : vous ne devinez pas. Ah ! bien, je vous le dirai dans le tuyau de l’oreille quand nous serons en tête à tête ou nez à nez si vous l’aimez mieux. En attendant je trouve que vous vous faites bien tirer les oreilles pour venir un pauvre petit moment.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16353, f. 201-202
Transcription d’Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « sceau ».
b) « gaie ».

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