16 septembre [1842], vendredi après-midi, 3 h.
Vous êtes un filou et un floueur et un VIEUX MONSIEUR de me laisser sans papier afin de me forcer à écrire sur une espèce de machin blanc qui pourrait servir de serviette, de nappe, de journal ou de tout autre chose que d’une feuille de papier À LETTRE. Vous mériteriez que je ne vous la remplisse que de baisers et d’amour, parce que ça vous régale bien, témoin ceux que je vous donne tous les joursa et auxquels vous répondez par d’affreuses grimaces et par des tendresses pour votre perruque : « Julie ! Oh ! mon Dieu tu vas l’abîmer, prends garde Juju, je t’en prie, laisse-moi ». C’est bon, vilain monstre, on vous laissera et on vous fera manger les restes du chat, ce sera bien assez pour un vieux monsieuRE comme vous. Il est probable que vous aviez quelque rendez-vous aujourd’hui, car vous étiez à l’heure. Avec qui donc, s’il vous plaît ? Je vous prie de prendre garde à ce que vous faîtes et qu’il y a des occasions où la [illis.] faitb tomber la tête. Tenez-vous pour averti, mon amour, et marchez droit …. dans la direction de la rue Saint Anastase [1]. Je suis en train de faire accorder ce hideux chaudron [2] car il n’y a pas moyen de me rendre compte si la péronnelle [3] a étudié ou non et quoique ce soit un talent très peu drôle en lui-même, je désirerais qu’elle l’eût, ne fût-cec que pour te faire dire les choses justes et pas agréables que t’inspire ce hideux instrument. Voilà, mon amour, après quoi je m’habillerai et je t’attendrai avec …. …. confiance pour l’heure du dîner. Mais sous ma septième peau, j’ai une peur du diable que tu ne sois parti à Saint-Prix [4]. Ce serait bien méchant à toi si tu m’as fait cet affreux tour aujourd’hui et je ne t’en crois que trop capable.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16350, f. 131-132
Transcription de Laurie Mézeret assistée de Florence Naugrette
a) Dessin de Juliette embrassant Victor :
- © Bibliothèque Nationale de France
b) « fais ».
c) « fusse ».