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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 janvier [1837], samedi soir 9 h. ¼

Mon cher petit homme, depuis que vous êtes parti, je me suis fait un tas de choses pour tâcher de me soulager un peu les reins qui me faisaienta un mal affreux. Je n’y ai pas beaucoup réussi. C’est à peine si je peux me tenir assise dans mon fauteuil.
N’importe, je vous aime colossalement, à preuve.
Pauvre petit éclopé, vous êtes fièrement heureux d’avoir ce prétexte pour ne pas faire votre service pendant huit jours et huit nuits, cependant si vous venez ce soir ce que je n’ose pas trop espérer je vous mettrai en réquisition pour me frictionner le bas du dos au risque de blesser votre pudeur d’homme et de faire dresser les cheveux à votre chasteté de poète.
Suis-je bonne de vous aimer comme cela, et de vous laisser me chatouiller sans me défendre. En vérité mon Toto vous devez vous estimer bien heureux et bien favorisé par Cupidon. Dites donc mon cher petit homme, ne donnez pas tout à Mme [Wabler ?], gardez m’en un petit peu au fond, je serais bien sage et je vous chanterais le joli couplet : pour la fille de Jean-Marie etc.
C’est bien gentil de ma part et vous ne pouvez pas me refuser les mêmes faveurs qu’à Nathalie [1] n’est-ce pas mon cher petit O.

J.

BnF, Mss, NAF 16329, f. 79-80
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « faisait ».


21 janvier [1837], samedi soir, 9 h. ½

Je gribouille un tas de papier uniquement pour avoir le plaisir d’écrire : Toto, to, oto, o et, puis ceci : je vous aime, je t’aime, tu es mon bien aimé, tu es mon pauvre amour, tu es mon adoré, tu es mon GRAND TOUT. Une autre dirait de belles choses bien fignolées et bien écrites. Moi je ne trouve rien autre chose que ce que je viens de t’écrire, mais je trouve beaucoup de bonheur à recommencer indéfiniment.
Je soufre comme le diable, je ne peux pas me tenir dans aucune position. C’est désagréable. Je voudrais que tu arrivasses pour me faire cette friction qui peut être me ferait du bien.
Où êtes vous à présent, vieux Toto ? je suis sûre que vous faites le joli cœur quelque part, et que vous ne pensez pas plus à votre pauvre Juju pas plus que si elle n’avait jamais existé. Très peu de femmes existent ou ont existé. C’est là ce que vous dites pour vous excuser de notre oublie MÉ MÉ MÉ MÉ MEN MEN MEN MEN [2], que je vous réponds de tout mon cœur et je continue de vous aimer comme si de rien n’était.
Je crois même que je baise la partie blessée sans vous faire crier.

J

BnF, Mss, NAF 16329, f. 81-82
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

Notes

[1À identifier.

[2À élucider.

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