Paris, 6 décembre [18]77, jeudi matin 10 h.
Cher bien-aimé, je me suis attardée à lire et à relire dans Le Rappel ce matin ton admirable et empoignant speech d’hier soir à la salle Paz [1] ; et si je m’en croyais je le relirais encore pour le savoir par cœur depuis le premier mot jusqu’au dernier tant je le trouve souverainement beau, bon, juste et formidable. Mais le temps me manque car je tiens à t’accompagner au Sénat tantôt. Il est probable cependant qu’il ne se passera rien de définitif dans aucune des deux chambres ; mais là n’est pas pour moi le principal attrait et le principal intérêt de la séance ; le besoin d’être le plus près possible de toi, voilà ce qui m’attire et ce qui m’intéresse. Le reste vient quand il peut. Mme Lockroy ne déjeune pas et elle ne sait pas non plus si elle dînera, ce qui se comprend Versailles étant donné. Nous aurons tous les Vacquerie, Paul Foucher, Rey et Lesclide et Lucullus dînant chez Luculla, ce qui suffit à mon bonheur. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 330
Transcription de Guy Rosa
[Massin]