Guernesey, 28 avril [18]70, jeudi après-midi, 3 h. ½
J’ai beau faire, mon doux bien-aimé, je ne parviens pas à régler ma chère petite restitus aux heures que je voudrais. Il suffit que je me lève un peu plus tard que de coutume pour que toutes les affaires de ma maison soient desheurées. Je n’en parlerais pas si mon cœur ne protestait pas contre tous ces retards qui l’humilienta et le fâchentb. Aussi je vais mettre bon ordre à tous mes encombrements de Beaucaire [1] en REFORMANT moi-même les irrégularités de mon sommeil qui entraînentc toutes les autres. L’important c’est que tu dormes bien, que tu te portes bien, que tu sois content et heureux, et que tu m’aimes comme je t’aime. Mon cher bien-aimé, j’ai besoin de te remercier de l’utile et beau cadeau que tu m’as fait hier avec tant de bonne grâce et tant DE GENEROSITE. J’espère te prouver ma reconnaissance en me portant encore mieux que je le fais maintenant car les bains m’ont toujours fait beaucoup de bien. Dès que j’aurai ma baignoire je m’y plongerai avec un double délice en pensant que c’est toi qui me l’as donnée. Merci, merci, merci je croyais que le temps allait se gâter mais il s’est complètement remis au beau et j’en suis ravie pour notre promenade de demain. D’ici-là profites-en par de forts passus [2]. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16 391, f. 119
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette
a) « humilie ».
b) « fâche ».
c) « entraîne ».