Guernesey, 30 octobre, mardi soir, 8 h.
Cher adoré bien-aimé, je ne t’avais pas écrit ce matin à cause de mes embarras de [Beaucaire ?] de tapis et de rideaux mais je m’en dédommage ce soir en t’attendant. Que tu es beau, que je t’aime, que tu es grand, que je t’admire, que tu es bon, que je t’adore. Je ne te le dirai jamais assez, jamais autant que je le pense et que j’en éprouve le besoin. Je regrette de t’avoir donné une peine inutile tout à l’heure parce que j’ai eu la visite de Mme Engelsona tout de suite après ton départ. Je lui ai renouveléb mon invitation mais je ne suis pas plus avancée qu’avant parce qu’elle m’a dit qu’elle ne savait pas si, son mal de tête persistant, elle pouvait venir, que je ne l’attende pas etc. etc. etc. c’est-à-dire une sorte de queue de fin [de] non-recevoir qui peut se terminer, vu le caractère et la tête de cette pauvre femme, par une acceptation inattendue [1] à l’heure même du dîner. Je me tiendrai prête à tout événement. En attendant, je rengaine ton compliment et je le garde pour une meilleure occasion et puis je t’aime avec un redoublement de tendresse que rien ne peut arrêter et je t’attends de toutes mes forces.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16381, f. 284
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « Enguelson ».
b) « renouvellé ».
c) « inatendue ».