4 octobre [1836], mardi soir, 6 h.
Je suis encore plus triste et sombre que le temps, poésie à part. J’ai du chagrin, je sens que vous ne m’aimez plus comme autrefois, sans pouvoir indiquer précisément le jour, l’endroit et l’heure où cela a commencé, mais je sais à n’en pouvoir douter que vous m’aimez moins, beaucoup moins et je suis triste et malheureuse. Je n’ose pas prendre un parti violent, le courage me manque pour une si cruelle opération. J’aime encore mieux souffrir au jour le jour que de m’exposer à crever en me séparant de vous et cependant ce serait le seul, le vrai remède contre un amour qui s’en va et un autre qui est encore entier.
Je ne sais pas si vous viendrez cette nuit. Il est très possible que vous me trouviez dans un paroxysmea de découragement et de désespoir. Tâchez qu’il ne vous impatiente pas plus qu’il ne vous touchera et tout sera bien au moins pour vous. Je souffre, voyez vous. Je souffre.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16328, f. 13-14
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette
a) « paroxisme ».