Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1872 > Novembre > 26

Guernesey, 26 nov[embre] [18]72, mardi soir, 5 h. ½

Cher bien-aimé, je finis ma journée par où j’aurais désiré la commencer si je n’en avaisa pas été empêchée par des soins de ménage restés en souffrance à cause du trousseau du pauvre petit Bébé [1] que j’avais à cœur de faire finir le plus tôt possible. À ce propos, je suis très fâchée de t’avoir induit en erreur tantôt en mettant sur le compte de Mme Chenay ce qui était convenu avec Mariette ; j’avais mal écouté et mal compris ce que m’avait dit Blanche ce matin, de là le mistakeb. J’espère que ce malentendu ne t’a causé aucun ennui ni à Mme Chenay non plus. Une autre fois je tâcherai de savoir un peu mieux ce que je dis. En attendant, mon adorable et bien adoré bien-aimé, j’ai le cœur plein jusqu’à le faire éclater de l’amour le plus ardent et le plus religieux pour toi que j’admire et que je vénère comme ce qu’il y a de plus parfait après Dieu. Ma joie, c’est toi, mon bonheur, c’est toi, mon âme, mon cœur, ma vie, c’est toi, toi, rien que toi. Le jour où tu ne m’aimeras plus je mourrai, que je le veuille ou non. Ce n’est pas une manière de parler, c’est la vérité comme Dieu la voit. C’est à toi de faire que je vive autant que toi-même. Cela dépend de toi. Moi je n’ai pas d’autre fonction que de t’adorer, ce que je fais jour et nuit [2].

BnF, Mss, NAF 16393, f. 326
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « n’en n’avais ».
b) « mysteck ».

Notes

[1Il pourrait s’agir de la petite nièce de Juliette, fille de son neveu Louis Koch et née le 29 mai 1872.

[2Cette phrase évoque assez précisément ce vers de L’Art d’être grand-père  : « Je n’ai pas d’autre affaire ici-bas que d’aimer », dernier vers du poème « Je prendrai par la main… », dont Pierre Albouy note, en Pléiade, que le manuscrit date vraisemblablement du « 30 avril » 1872.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne