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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 23 juillet [18]68, jeudi, 7 h. du m[atin]

Je t’aime ! Je t’aime ! Je t’aime ! J’ai dormi, j’ai dormi, j’ai dormi et colle-toi ça dans le fusil [1] ! En attendant, je ne serais pas fâchée d’avoir de bonnes nouvelles de ton cœur et de ta nuit et de tes quatre verres d’eau. J’espère que tout va comme je le désire, autrement je vous ficherai des bons coups… de soleil. Et à ce propos, je remarque que le beau temps ne me paraît pas près de finir, ce qui me réjouit le cœur et l’âme pour toi, mon cher petit lézard, et puis encore pour nos deux traversées. Mon avis serait de brûler le gîte de Southamptona pour éviter l’horrible chaleur de la journée centuplée dans ces hideux wagons anglais. La nuit doit les rendre moins insupportables. Il en sera naturellement comme tu voudras. Je n’ai aucune hâte d’arriver à Bruxelles, c’est-à-dire à la fin de mon doux et cher bonheur quotidien, et je consentirais à rôtir pendant l’éternité à la condition de ne jamais me séparer de toi. Ainsi, mon adoré, mets que je n’ai rien dit pour cette étapeb et tâchons au contraire de rester le plus longtemps possible en route.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 204
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « Soupthamton ».
b) « cet étape ».

Notes

[1Dans Les Misérables (1862), Gavroche rencontre deux enfants plus jeunes que lui, affamés et livrés à eux-mêmes. Il achète du pain pour eux trois. Il les encourage à manger, en employant des expressions plus argotiques les unes que les autres : « Et, pensant que l’aîné, qui lui paraissait plus digne de sa conversation, méritait quelque encouragement spécial et devait être débarrassé de toute hésitation à satisfaire son appétit, il ajouta en lui donnant la plus grosse part : « – Colle-toi ça dans le fusil. » (Quatrième partie « L’Idylle rue Plumet et l’Épopée rue Saint-Denis », livre sixième « Le Petit Gavroche », chap. 2 « Où le petit Gavroche tire parti de Napoléon le Grand »).

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