Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1840 > Juillet > 3

3 juillet, vendredi après-midi, 3 h. ½

Voici l’heure du ranz dez-vous [1] passée, mon amoureux, et vous ne venez pas, et vous ne viendrez pas et je vous désirerai, et je vous aimerai, et je vous adorerai comme si vous étiez le plus exact et le plus empressé des amoureux. Et comme vous êtes très persuadé de cette vraie vérité vous ne prenez aucune peine pour m’en récompenser et vous me trouvez assez heureuse d’avoir l’honneur de vous aimer sans encore me donner le bonheur de vous voir par-dessus le marché. C’est juste mais c’est triste et je pourrais peut-être trouvera que le traitement est un peu SÈCHE. En attendant, cette pauvre Clarinette [2] remue des vieux papiers à tire-larigotb. Il est probable que ce sera à mon tour demain à faire un classement définitif de toutes ces hideuses paperasses. D’y penser cela me fait [TRAIISSIR  ?] tant j’ai horreur des vieux comptes, des vieux et des vieilles factures. Enfin je prendrai mon courage à quatre mains, dont deux pieds, et je terminerai cet arrangement nécessaire à mon existence.
Quel vilain temps il fait ce tantôt. Je prévois que ce sera ton excuse pour nous avoir laissées à la maison et comme je la trouve meilleure qu’à l’ordinaire, cette raison, je l’accepte d’avance et je n’en veux pas d’autre. Tu devrais en faveur de mon indulgence venir dîner avec nous ce soir à l’heure du dîner, ce serait très i et je n’en demande pas davantage pour me proclamer la plus heureuse des Juju. Ça ne vous coûterait cependant pas beaucoup de faire ça aujourd’hui et je vous en serais reconnaissante toute ma vie. Jour Toto, jour mon petit o. Je vous aime et je vous adore mon Toto. J’ai acheté des solesc pour vous et des crevettes pour nous, jamais je n’en ai vu de plus belles, de plus fraîches et de meilleur marché. Tâche de venir mon Toto, tu nous combleras de joie, ma péronnelle et moi, et moi par-dessus tout.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16343, f. 5-6
Transcription de Chantal Brière

a) « trouvé ».
b) « larigo ».
c) « solles ».

Notes

[1Dans la lettre du 2 juillet, Juliette cite un jeu de mots qu’aurait fait Hugo en rapprochant « rendez-vous » et « ranz des vaches ».

[2Sobriquet de sa fille Claire.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne