16 juin 1868

Guernesey, 16 juin 1868, mardi, 6 h. du matin

J’espère, mon cher bien-aimé, que ta nuit se sera ressentie de ta bonne action envers ton déplorable voisin et que toi et lui avez bien dormi malgré le triste incident d’hier soir [1]. Comme toujours, tu as été adorablement généreux et bon avec lui. Mais, dans l’intérêt de ta santé, je te supplie d’éviter toute discussion avec ce gros bonhomme qui semble prendre à tâche de te contrecarrer et de te contredire sur tout. J’espère que cette dernière leçon lui servira d’autant plus que tu as été encore plus cordial et plus affectueux pour lui hier en lui écrivant et en lui tendant la main le premier. Merci, pour lui et pour moi qui me suis sentie allégée par ton pardon. Je suis sûre que c’est à cela que je dois d’avoir assez bien dormi cette nuit ; sans compter que ça a été une nouvelle occasion pour moi d’admirer et d’adorer ta bonté inépuisable et ineffable.
Je t’aime, je t’aime, je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 167
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette