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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 juin 1840

17 juin [1840], mercredi soir, 6 h. ½

Il ne fallait rien moins que mon envie de sortir pour faire pleuvoir à versea, c’était tout simple et je m’y attendais, aussi depuis ce matin je me suis peignée à fond et j’ai donné audience à Penaillon et à la couturière qui est encore chez moi à l’heure qu’il est essayant une robe à Suzanne. Et puis il ne faut pas croire qui soit aussi tard que le dit ma pendule, c’est une folle qui déraisonne comme une amoureuse. Je vous aime mon cher petit bien-aimé et je ne veux pas que vous ayez plus longtemps mal aux reins quoique vous soyez fort gentil dans cette attitude. Je ne veux plus du tout que vous ayez des bobos. Tâchez, mon petit homme, de venir dîner à l’heure afin de me rabibocher de ma sortie que je n’ai pas eueb et que je n’aurai pas d’ici à longtemps.
J’espère que vous avez dû trouver votre copie bien faite ? Si vous n’en êtes pas content vous n’êtes pas raisonnable et je ne vous en ferai plus. Voime, voime, dépêchez-vous de m’en apporter bien vite d’autres au contraire ou vous aurez affairec à moi. Jour Toto, jour mon petit homme, je ne prends pas de bain aujourd’hui tant pire. Si je ne vais pas mieux demain ou après j’en reprendrai, ce sera bien assez. Mon Dieu quel affreux temps et comme j’aurais dû sortir pour ne pas enfreindre mes habitudes qui sont de me promener par des pluies battantes. Celle-ci de pluie manquera à ma collection. Je voudrais savoir si c’est demain que mon petit Toto [1] fait sa 1ere communion. Tu ne me le diras pas et ce sera tant pis car je voudrais prier le bon Dieu pour lui et pour nous dans ce moment-là. Du reste je ne t’en veux pas, peut-être qu’à ta place j’en ferais tout autant. Baise-moi mon Toto, aime-moi et ne me laisse pas toute la soirée seule comme un pauvre chien.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16342, f. 215-216
Transcription de Chantal Brière

a) « averse ».
b) « eu ».
c) « à faire ».

Notes

[1Il s’agit de Victor, le fils cadet.

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