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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 mai 1840

10 mai [1840], dimanche matin, 8 h. ½

Bonjour mon Toto chéri, bonjour mon amour. Comment vas-tu ce matin mon Toto ? Pourquoi n’es-tu pas venu cette nuit mon amour ? J’avais cependant bien besoin de vous AU PHYSIQUEa et au MORAL. Au physiquea pour raboter les bosses de mon lit. Au moral parce que je suis triste de ne vous voir qu’une demib-heure sur 24. Et puis j’aurais voulu te demander des explications sur la lettre de G. de Pons [1], non sur la couleur verte ou bleue, mais sur ce prochain départ dont il est si fort question et dont je ne sais pas un mot. Enfin je ravale tout ça le mieux que je peux jusqu’à ce que je te revoie je fais faire à force mes matelas et je vais coudre 158 anneaux pour me reposer.
Je vous aime mon Toto. J’espère que vous n’espérez pas vous ENFUIR SANS MOI ? Et j’espère aussi que vous n’auriez pas eu la féroce discrétion de me cacher un bonheur si impatiemment attendu et si ardemment désiré. Vous êtes mon Toto que j’aime et en qui j’ai confiance, ce que vous me direz je le croirai mon amour. Jour papa, jour Toto, papa est bien i. Comment va Jules [2], en sais-tu des nouvelles ? Je voudrais le savoir hors de danger ce pauvre petit, pour lui, pour vous tous et pour moi qui ne peuxc pas supporter de la tristesse ou du chagrin à toi. Je t’aime mon adoré, je t’aime mon amoureux, baisez-moi qu’on vous dit.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16342, f. 131-132
Transcription de Chantal Brière

a) « PHISIQUE ».
b) « demie ».
c) « peut ».


10 mai [1840], dimanche soir, 10 h. ½

Mais, mon cher Toto, vous vous fichez de la pauvre barbouillée de ne pas venir plus souvent et plus vite que ça ? Je ne suis pas contente du tout, maintenant surtout que je suis parfaitement propre et que tous mes ennuis sont finis vous devriez me récompenser en venant déjeuner avec moi demain, c’est-à-dire cette nuit. Je serais bien joyeuse, mon amour, et je pousserais mon houraa traditionnel : QUEL BONHEUR !!!!!b
Je vous aime de toute mon âme mon ravissant Toto. J’ai joliment bien travaillé cette semaine aussi tout est propre et fini et si tu pouvais venir cette nuit je n’aurais rien à désirer : la soupièrec, la petite voiture et le petit théâtre ont eu les honneurs de la soirée, ces dames ont trouvé cela admirable, ébouriffant et éblouissant. Quand je dis ces dames tu me comprends, cela veut dire Joséphine et la mère Pierceau. Du reste les créanciers ont fait le dimanche aujourd’hui à l’exception du petit Mignon. Quel dommage qu’ils ne soient pas tous et pour toujours écarbouillés sur un chemin de fer. Ça m’irait joliment bien. Comment va mon petit Jules [3] ? Je n’ai pas eu le temps de t’en demander des nouvelles. Je t’aime mon Toto. Je t’adore mon petit homme.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16342, f. 133-134
Transcription de Chantal Brière

a) « hura ».
b) Cinq points d’exclamation courent jusqu’au bout de la ligne.
c) « soupierre ».

Notes

[1Charles Pierre Gaspard de Pons (1798-1862), officier de carrière et homme de lettres. Il fut l’ami de jeunesse de Hugo et de Vigny.

[2Jules Hugo (1835-1863), fils d’Abel Hugo et neveu de Victor.

[3Jules Hugo (1835-1863), fils d’Abel Hugo et neveu de Victor.

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