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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bruxelles, 28 janvier 1852, après-midi, 3 h.

Je me confie à toi toujours, mon adoré, j’espère que cela t’inspirera à ton tour la même confiance envers moi et que tu me diras tout le cas échéant. Pauvre adoré je suis si bien décidée à ne pas te suspecter même quand quelque chose me paraît inquiétant que je ne te demanderai pas pourquoi tu passes prendre tes lettres chez ton [boos  ?] avant l’arrivée de Suzanne. Si c’est par impatience bien naturelle de savoir des nouvelles de Paris plus tôt, tu as raison et je t’approuve de toutes mes forces. Si c’est pour me dissimuler quelque chose qui intéresse ma sécurité, ma vie et mon bonheur, tu as triplement tort car, quoi que tu fasses, mon pauvre adoré, il viendra un moment où je saurai tout fatalement ; et ce qui m’aurait été supportable, ta franchise aidant, me deviendra odieux et peut-être mortel pour me l’avoir caché. Songes-y, mon bien-aimé. Je t’écris ces lignes avec ce qu’il y a de plus suppliant, de plus honnête, de plus doux et de plus confiant dans mon cœur. Lis-le avec la pitié, avec la probité, la tendresse et la loyauté de toute ta conscience. La vérité au grand jour vaut mieux que le plus petit mensonge que l’on cache dans l’ombre. Je te dis cela ici, mon adoré, pour ne jamais t’en parler à toi-même afin que tu ne te méprennes pas sur mes paroles et que tu ne croies pas que c’est une sorte de retour à la défiance. Non, mon Victor bien-aimé, je ne me défie pas de toi maintenant, Dieu le sait et nos pauvres anges aussi. Mais je ne suis pas sûre que tu en sois assez convaincu pour tout me dire. C’est donc la confiance en moi qu’il faut que je t’inspire. Pour cela il n’est rien que je ne fasse et ne souffre pour le mériter, mon Victor, mon bien-aimé, mon vénérable et sublime adoré. Je mets toute ma gloire à te servir à genoux et tout mon bonheur dans ton amour loyal et confiant. Je baise tes pieds en attendant que je noie mon âme dans tes [illis.].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16370, f. 45-46
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette

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