19 octobre 1879

Paris, 19 octobre [18]79, dimanche matin, 7 h. ¾

Victoire, mon doux adoré, tu as encore passé une bonne nuit et moi aussi, ce qui fait que nous n’avons rien à nous reprocher l’un à l’autre. Je ne te tiens pas quitte pour cela de la scie [1] des lettres à répondre, au contraire, car je te supplie de t’y mettre courageusement tantôt si tu ne veux pas être très désobligeant et te faire autant d’ennemis que tu as de cheveux sur la tête et Dieu sait qu’ils sont abondants, je parle de tes cheveux. Cela étant, il faut absolument écrire aujourd’hui à Camille Sée, d’abord, aux divers maires, conseillers municipaux et ÔTRES comme dit le bon Lesclide. Moi, de mon côté, je vais inviter Claretie^a et sa femme à dîner vendredi prochain qui sera le jour de Jourde et de Peyrat. À propos, tu as reçu, et moi aussi, la lettre de faire-part du mariage de Guillaumet, l’ami de Lockroy, avec la mère de son fils, un jeune garçon charmant que tu as vu jouer avec ton Georges et ta Jeanne dans le jardin. Je suis très contente pour cette pauvre mère dont j’ai entendu parler avec tant d’éloges par les époux Lockroy. Dès qu’ils seront de retour de leur longue villégiature en Italie [2] nous inviterons ces nouveaux mariés à dîner si cela te convient. Pour aujourd’hui notre table est au grand complet et mon cœur aussi car il est plein de toi.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 252
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « Clartie »