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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Veules [1], 8 septembre [18]79, lundi matin, 10 h.

Cher bien-aimé, Dieu sait que je ne demande pas mieux que d’agrandir et d’élargir toutes les formes de mon admiration et de mon adoration pour toi. Je ne suis retenue que par la crainte de t’obséder de mon amour et t’en donner la satiété à force de te répéter toujours la même chose. Si je cédais au besoin de mon cœur ma restitus durerait vingt-quatre heures pour recommencer le lendemain et d’un bout à l’autre de ta vie et de la mienne sans solution de continuité, ce qui finirait par te gêner à la longue. C’est pour cela que je me rationne pour ne pas te fatiguer. Mais quand tu as la bonté de remarquer ma discrétion et quand tu sembles désirer qu’elle se détende un peu je n’y résiste pas et je suis trop heureuse de donner essor à mes pattes de mouches qui te portent toutes mes tendresses, tous mes sourires, et toutes mes bénédictions. J’espère que tu as passé une très bonne nuit. Mariette n’est pas encore venue m’en donner des nouvelles mais je le désire tant qu’il me semble impossible que cela ne soit pas. Le temps est merveilleusement beau ce matin mais je doute que ta baigneuse soit à son poste à cause de la marée qui est tout à fait basse. Au reste tu ne perdras rien, probablement, pour attendre, ce qui fait que je te plains à peine.
Je ne sais pas si les lettres sonta arrivées mais jusqu’à présent je n’en ai reçu aucune. Tu feras bien d’écrire un petit mot affectueux au bon Lesclide que je joindrai au mien. Tu devras me dire, aussi, si tu as quelque commission à lui faire faire soit au-dehors soit pour la maison. Il est si près de nous et il va tous les jours à Paris, ce qui lui permet de nous rendre service sans se déranger beaucoup.
Mme Lefèvre, qui avait annoncé qu’elle m’écrirait pour me demander le jour et l’heure précis de ton arrivée, ne l’a pas encore fait jusqu’à présent. Peut-être se trouve-t-elle parfaitement et suffisamment renseignée par notre cher Paul Meurice et j’en suis bien aise, cela nous dispensera de répondre en temps et heure à sa lettre. Le bonheur qui nous attend chez elle ne m’empêche pas de regretter celui que nous allons quitter ici car il est impossible de dépasser l’hospitalité si affectueuse et si aimable de nos chers hôtes sans compter qu’il me semble que je t’aime encore mieux ici, si c’est possible, que partout ailleurs.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 215-216
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « son ».

Notes

[1Victor Hugo et Juliette Drouet sont en séjour à Veules-les-Roses, chez Paul Meurice, depuis le jeudi 28 août. Ils iront ensuite passer quelques jours à Villequier, chez Auguste Vacquerie.

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