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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 juin 1841

Mardi 22 juin [1841], midi ¾

Je ne gagne pas beaucoup à ce que vous veniez déjeuner et souper avec moi presque tous les jours, mon amour, car vous ne restez juste que le temps de dévorer votre nourriture et vous vous sauvez tout de suite comme si vous aviez le feu au derrière. Tout ça me réjouita médiocrement le cœur et me donne peu l’envie de crier par-dessus les toits : QUEL BONHEUR !
J’ai un mal de tête absurde ce matin, cela tient à ce que je sors trop peu. Vous devriez, par pitié, mon Toto, me faire marcher davantage. Je t’assure, mon cher bien-aimé, que j’en ai véritablement bien besoin. Je vous aime mon Toto, je vous gâte mon amour, je vous pourris mon petit homme, au moral s’entend, car de l’autre manière ça ne serait pas fort drôle.
Mon pauvre petit bien-aimé, voici une vilaine époque revenue pour nous. Il faut que nous trouvions, outre notre dépense journalière et les dettes de chaque mois, un supplémentb pour le terme et la pension de Claire [1]. Aussi, mon amour, je te prie de ne plus songer au bracelet turc [2] que nous ne soyons hors d’embarras et que tu n’aies plus besoin de travailler comme un pauvre loup jour et nuit. Je t’en prie du fond de l’âme, mon amour, je serai bien heureuse si tu m’obéis. En attendant baise-moi, aime-moi, fais-moi sortir et ne me quitte pas.
Jour Toto, jour mon petit o, papa est bien i. Pourquoi ne voulez-vous donc pas venir dîner ce soir ? Est-ce parce qu’il y a des provisions ? En ce cas c’est très adroit et très spirituel. J’espère que vous viendrez et que vous aurez bon appétit.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16345, f. 273-274
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « réjouis ».
b) « suplément ».

Notes

[1Claire est pensionnaire d’un établissement de Saint-Mandé depuis 1836 et c’est Hugo qui en assume les frais à la place de son véritable père, James Pradier.

[2Hugo a promis à Juliette ce petit bracelet qu’il lui offrira le samedi suivant, le 26 juin.

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