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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 avril [1841], mardi matin, 10 h. ½

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon adoré petit homme. Je suis levée depuis une heure et demie, j’ai secoué toutes mes plumes, j’ai fait ta tisanea dans le cas [où] tu viendrais ce matin avec tes pauvres yeux fatigués. Je me suis aperçueb que tu as oublié ta bourse cette nuit. Hum, si je voulais, quelle raflec je ferais mais je ne le veux pas, je veux vous combler de ma probité.
Jour Toto, jour mon petit o. Quelle absurde Juju je fais, n’est-ce pas mon pauvre amour ? Mais dès que vient une heure du matin et que tu n’es pas là ou que tu ne me parlesd pas, je ne peux pas vaincre la somnolence qui s’empare de moi. Ainsi à peine as-tu été parti cette nuit que la seule action de fermer ma porte et de te souhaiter le bonsoir m’a réveillée au point que j’ai été très longtemps sans pouvoir me rendormir. Mais aussi pense donc, pas d’exercice, toujours seule, il y a de quoi alourdir et endormir n’importe qui.
Ce matin j’ai très mal à la tête, c’est pour cela qu’auparavant de t’écrire j’ai voulu me secouer un peu. Je t’aime mon Toto, je t’adore mon bon petit homme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16345, f. 95-96
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « tisanne ».
b) « apperçu ».
c) « raffle ».
d) « parle ».


27 avril [1841], mardi soir, 5 h ½

Voici déjà bien plus d’une heure que vous êtes parti mon cher petit blagueur et que vous n’êtes pas revenu, sans compter que vous n’êtes pas encore revenant.
Depuis ce temps, j’ai eu la visite de Résisieux et de Jonas qui y prennent goût à ce qui paraîta car je les ai eusb aussi dimanche [1]. Cela peut me remplacer mon pigeon au besoin [2] et puis, autant vous redoutez les Jonas de quatorze ans, autant vous désirez et vous vous confiez au Jonas de 14 mois [3]. Au fait c’est très conséquent.
J’ai fait mon atroce tisanec ou plutôt mon effroyable médecine [4], je n’ai jamais rien senti d’aussi mauvais ni rien vu d’aussi verdâtre. Pouah ! je ne sais pas si je pourrai me résoudre à avaler ça ce soir. Quantd à la pommadee elle est d’un vert émeraude charmant et puis ça ne se mange pas, c’est bien différent. Il faudra joliment me dandinerf ce soir si vous voulez que je m’insinue le susdit breuvage dans [mon] pauvre CAURPS. En attendant je vous attendsg et vous ne venez pas. Au reste j’en étais bien sûre. Je vous aime, vieux scélérat, baisez-moi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16345, f. 97-98
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « parrait ».
b) « eu ».
c) « tisanne ».
d) « Quand ».
e) « pomade ».
f) « dandinez ».
g) « attens ».

Notes

[1C’est en général le dimanche que Juliette reçoit la visite de ses connaissances et de ses quelques amies qui viennent dîner chez elle. Il s’agit surtout de Mme Triger, de Mme Guérard, de Mme Besancenot et de Mme Pierceau.

[3À élucider pour « le Jonas de 14 mois ». Concernant Jonas Besancenot, Juliette décrit fréquemment dans ses lettres le garçon comme très agité, insupportable, un « petit scélérat », et elle appelle communément « Jonas » tous les petits garçons de sa connaissance.

[4Juliette souffre souvent de maux de ventre ou de tête violents et vient donc de commencer un traitement, prescrit par le docteur Triger, qui va durer plusieurs mois. Elle précise ses recommandations le 21 avril.

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