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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 octobre [1847], mercredi matin, 8 h.

Bonjour, mon toujours plus aimé, bonjour, mon Victor rayonnant, bonjour des yeux, des lèvres, du cœur et de l’âme. Je sens mon amour en fleur comme un bouquet ravissant. Il me semble que toutes mes pensées, en ce moment où je t’écris, sont fraîches et parfumées, et que tu peux les respirer à la distance où tu es. Ne riez pas de cette exubérancea d’amour, mon adoré, car il ne dépend pas de moi de ne pas l’avoir sous ton doux et lumineux regard et devant ta beauté éclatante. Tu es le soleil de mon cœur et c’est toi qui fais pousser toute cette luxuriante végétation de sentiments d’admiration et d’adoration.
Depuis que tu m’as promis de me donner tout de suite la suite de mon bon Jean Tréjean, j’ai une impatience de finir ce qui me reste à copier qui me rend ce que j’ai à faire dans ma maison long et ennuyeuxb. Hier, je voyais avancer ma dernière feuille avec regret, aujourd’hui je voudrais déjà écrire le dernier mot de ce qui me reste à copier. Quellec admiration et quel enthousiasme causera l’apparition de ce sublime livre dans le monde. Je ne dis pas le monde seulement littéraire, mais le monde entier, car il y a end lui tout ce qui plaît, tout ce qui effraie, tout ce qui touche, tout ce qui intéresse, tout ce qui étonne, tout ce qui passionne et enthousiasme le cœur, l’âme et l’esprit. Pardon, mon grand Victor, de te formuler mon admiration avec cette outrecuidance naïve et confiante, c’est que je sais que tu n’es pas seulement le poète sublime, tu es plus encore, tu es le meilleur des hommes et mon amant bien-aimé.

Juliette

MVHP, MS a9006
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « exburance ».
b) « ennuieux ».
c) « Quel ».
d) « il y en a ».


27 octobre [1847], mercredi midi

Je t’écris un peu coup sur coup, mon cher petit homme, parce que je veux me dépêcher de copier tout aujourd’hui dans l’espoir que tu me liras la suite ce soir et que je pourrai poursuivre demain cette délicieuse occupation. Après le bonheur de te voir, rien ne me plaît plus que de copier tes admirables manuscrits. Aussi, je me hâte d’en finir avec toutes mes affaires de ménage pour m’y livrer à cœur joie. Du reste, je pense à toi et à tous ceux que tu aimes avec una ineffable sentiment de sécurité, car le temps est si pur, si doux et si beau qu’il est impossible que la santé ne soit pas avec vous tous. Demain, j’irai te chercher à l’Académie, ce sera un moment de joie et de bonheur pour moi quand je me retrouverai appuyée sur ton cher petit bras et que je regarderai le même ciel et que je respirerai le même air que toi. D’ici là, j’aurai encore de bien bons, de bien doux et de bien charmants moments. Ceux où tu viendras griffouiller tes sublimes pensées et manger ton raisin. À propos de raisin, je crois que j’ai trouvé enfin celui qui te convenait ? Je n’en suis pas fâchée de toute façonb. Sur ce, baise-moi, aime-moi et viens bien vite.

Juliette

MVHP, MS a9007
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « un un ».
b) « toutes façons »

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