Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1837 > Octobre > 24

24 octobre [1837], mardi matin, 10 h. ½

Bonjour toi, bonjour le pauvre bien adoré. Comment vont tes chers beaux yeux ? J’y ai pensé chaque fois que je me réveillais, j’en avais le cœur navré. Pauvre ange, quel courage et quelle résignation ! C’est bien vrai qu’il faut t’aimer à genoux car tu es un pauvre ange du ciel.
Je me suis réveillée bien souvent, espérant que tu viendrais te reposer dans mes bras, mais tu n’es pas venu et je suis triste. Cependant j’ai relu tes admirables beaux vers [1]. Mais rien ne peut suppléer à toi, pas même tes chefs-d’œuvre. Je te l’ai déjà dit une fois et je me suis attiré de vifs reproches, mais dussé-jea me les attirer encore, je te répéterai que rien ne remplace la lumière de tes yeux, le son de ta voix, le souffle de ton âme.
Je ne dis pas pour cela que je n’ai pas un grand bonheur à lire et à baiser chaque mot écrit de ta chère main, mais rien n’est comparable à la sensation d’un seul de tes cheveux sur mes lèvres.
Il paraît que Mme Krafft a été aux anges d’avoir sesb livres et que mon puff [2] n’a rien ajouté au plaisir qu’elle a eu en les recevant. Que sera-ce donc quand elle les lira ?
Toto tu es bon, Toto tu es beau, Toto je t’adore, Toto je t’admire, Toto je t’aime du plus profond de mon âme. Jour mon petit homme chéri. Jour on jour. Je t’aime, je t’aime. Il fait bien froid et bien laid ce matin. Pourvu que tu penses à mettre des bottes. Tu es si préoccupéc et surtout si dédaigneux pour tous les soins qui regardent ta chère personne adorée, que je crains bien que tu n’oublies encore celui de préserver tes chers petits pieds de l’humidité. Oh pourquoi ne suis-je pas chargée de ce soin, moi ?

BnF, Mss, NAF 16331, f. 307-308
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein

a) « dussai-je ».
b) « ces ».
c) « préocupé ».

Notes

[1Il s’agit de « Tristesse d’Olympio » que Hugo a achevé de composer le 21 octobre.

[2Louange, vanterie, publicité faite de manière exagérée, voire mensongère.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne