Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1836 > Mars > 24

24 mars 1836

24 mars [1836], jeudi matin, 8 h.

Bonjour toi, bonjour mon amour. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. J’ai été un peu grognon hier au soir parce que j’aurais voulu que tu ne m’imposasses pas de dormir, parce que tu étais auprès de moi. Je te vois déjà si peu, je suis si avide des quelques minutes que tu me donnes dans la journée, que je suis disposée à prendre en mauvaise part la sollicitude qui tendrait à m’en enlever une seule. Voilà mon cher bijou, ma chère âme, pourquoi je suis si irritable quand je te vois prendre le change sur ce qui me convient le mieux. Mais, toi, tu as été admirablement patient et bon dans toute cette petite tracasserie d’hier au soir. Je t’en garde une bonne reconnaissance au fond du cœur. J’espère bien pouvoir la mettre dehors quand tu viendras, car je ne sais pas quel mauvais génie me souffle quelquefois des paroles si contraires à ce que je sens et à ce que je voudrais dire. Si je disais ce que je sens, je dirais toujours que je t’adore et que je t’admire. Si je faisais ce dont j’ai toujours envie, je ne quitterais ta bouche que pour tes pieds. Mais, je te le dis, j’ai quelquefois un petit démon noir qui me possède et me fait dire des bêtises et des méchancetés.
Je te prie de m’exorciser dans ce cas-là avec un mot : je t’aime, avec un baiser, et une caresse, et je te réponds qu’il s’en ira bien penaud et que ta Juju te reviendra bonne comme elle devrait toujours l’être.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 227-228
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne