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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 mars 1836

17 mars [1836], jeudi matin, 8 h. ½

Bonjour, méchant petit homme. Pourquoi que vous n’êtes pas venu dire un petit bonsoir à votre Juju ? Vous êtes cause qu’elle n’a pas bien dormi et qu’elle est toute triste ce matin. Elle vous aime cependant plus qu’elle ne vous a jamais aimé et elle est toute prête à oublier tous vos trimes si vous venez la voir ce matin.
Oui, je t’aime, mon pauvre ange, je sens bien la nécessité qui te force à me faire du chagrin mais je ne t’en veux pas, au contraire ; plus je souffre de ton absence et plus je t’aime.
Je suis toujours dans la même position qu’hier, je crois cependant que ce sera pour aujourd’hui. Je ne suis pas assez heureuse pour qu’il en soit autrement. Enfin, je prends mon parti tant bien que mal des choses que je ne peux pas empêcher. Je t’attends avec impatience ou plutôt avec amour. Je vais travailler un peu ce matin n’étant pas sûre que cette fille viendra.
Je t’aime mon Toto,
je t’adore, mon grand Victor,
je te baise, mon chéri.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 199-200
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


17 mars [1836], 7 h. ¾, jeudi soir

Si je t’aime ? Si je t’aime ? Jamais je ne t’ai, je ne dis pas plus aimé, mais autant aimé qu’à présent ; mon amour rajeunit et fleurit comme les jeunes bourgeons des arbres ; la sève était dans le cœur et je la sens qui monte à mes lèvres et dans mes yeux, tu peux la recueillir dans un mot : je T’AIME. Oui, je t’aime, oui, tu es mon amour, oui, tu es ma joie, oui, oui, tu es mon univers, mon ciel et mon paradis. Je t’aime, mon Victor adoré, je te le dis sans cesse parce que je le sens sans fin. Je t’aime. Je t’écris avant le dîner parce qu’il faut que le bouillon chauffe et que le traiteur arrive, mais ne crois pas que je borne ma pensée de toi, à ce chiffon de papier ; je vais penser à toi, je vais t’adorer, je vais te désirer, je vais te magnétiser pour t’ôter ton affreux mal de tête. À bientôt, n’est-ce pas ? Viens très tôt, j’ai un bon petit remède dans une très jolie PHARMACIE que je vous donnerai et qui vous guérira si vous m’aimez.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16326, f. 201-202
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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