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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 mars 1836

13 mars [1836], dimanche matin, 8 h.

Bonjour, mon cher adoré. Je vais un peu mieux, je crois que l’époque une fois venue, je serai tout à fait guérie, ainsi il n’y a plus que patience à prendre d’ici-là. Et toi, mon pauvre petit homme, comment vas-tu ? N’es-tu pas bien las et bien ennuyé de la maison et de la pauvre femme qui est dedans ? Je le crains en me regardant vivre depuis un mois, et en songeant à tout l’embarras et à tout l’argent que va te coûter ce déplacement. Mon cher bien-aimé, enseigne-moi un moyen d’alléger ton fardeau. Dis-moi ce qu’il faut que je fasse pour t’aider et pour te plaire, tu verras avec quelle ardeur et avec quelle joie je saisirai l’exécution de te remplacer dans les soins et dans le dévouement que tu as pour moi depuis le premier jour où je t’ai connu.
Quel dommage que ce hideux couple [1] soit à la Porte St Martin, comme nous aurions été à l’aise avec une autre direction, toi, pour me protéger, moi, pour profiter de ta protection. Espérons encore que nous ne tarderons pas à avoir satisfaction pleine et entière de ce misérable qui nous a tant fait de mal. Ce serait un digne pendant À NOTRE PLAFOND.
En attendant, je continue de t’aimer de toute mon âme et avec encore plus d’admiration, tu es un ange.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 183-184
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


13 mars [1836], dimanche soir, 9 h. ¾

Mon cher petit bijou d’homme, depuis que vous m’avez quittée, je me suis occupée à ranger tant bien que mal le mobilier de la CÉLÈBRE chambre. Mais je reconnais mon ignorance et je vous attends pour compléter la féerie de la décoration. Vous savez que tout cela peut m’empêcher de dormir mais pas de vous aimer, au contraire. Plus je suis bien et plus je vous aime ; et, plus je suis mal et plus et plus je vous adore, mais plus je suis juste-milieu et plus je suis à vos pieds. Voilà mon opinion du tiers-parti. Quand vous viendrez ce soir, vous me critiquerez tout à votre aise, mais vous n’empêcherez pas que je n’aie beaucoup travaillé aujourd’hui et surtout ce soir.
Mon bien-aimé, mon Victor, mon amour, que je t’aime, que tu es beau, que tu es tout ce qu’on peut imaginer de plus noble et de plus ravissant. Je ne trouve rien qui puisse vous être comparé, pas même la CHAMBRE.
Je t’aime, je te dis, et puis je continue à avoir des démangeaisons.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 185-186
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

Notes

[1François Harel, directeur du théâtre, et Mlle George, sa vedette.

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