Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1836 > Mars > 7

7 mars [1836], lundi matin, 8 h. ¾

Bonjour, je suis levée, je t’aime absolument autant que si j’étais couchée avec vous, avec cette seule différence que le bonheur est absent, ce qui est bien une manie.
Bonjour mon Toto, bonjour mon chéri adoré.
Voici qu’au moment de quitter cette maison, j’éprouve des regrets. L’inconvénient de l’entourage disparaît devant le souvenir de tant de jours heureux. Car aujourd’hui que je me dispose à la quitter, cette maison, je sens plus que jamais la valeur des souvenirs que j’y laisserai [1]. Oui, mon cher bien-aimé, c’est dans cette maison que j’ai souffert, mais c’est dans cette maison aussi que je me suis relevée à mes propres yeux et aux tiens. C’est dans cette maison enfin, que ma vie d’amour a pris racine et a fleuri. Il est triste de penser que les fruits n’y mûrironta pas. Cependant ne crois pas que je t’aimerai moins. N’importe le lieu ou les circonstances dans lesquels je me trouverai, mon amour vivra plus que mon corps, il vivra autant que mon âme ; ou plutôt c’est mon âme même, car mon âme a été faite avec un rayon de tes yeux.
Tu m’as promis de venir m’aider et je t’attends. Bonjour vous, je t’aime toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16326, f. 173-174
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa
[Souchon]

a) « murirons », qui est fautif mais touchant.


7 mars 1836, lundi soir, 9 h

J’ai reçu une lettre de M. Pradier ce soir. Comme je craignais qu’elle ne fasse allusion à l’escapade de Claire je l’ai ouverte avant que tu ne vinsses, mais je m’étais trompée, cette lettre ne contient que des lieux communs enveloppés de beaucoup de mauvaise foi comme toujours. Au reste je sais maintenant à quoi m’en tenir sur la loyauté du père et le cœur de la fille. J’en parle à présent pour n’avoir plus à en parler plus tard, tout est dit sur ces deux êtres là.

Collection particulière

Notes

[1Juliette quitte sa maison du 50, rue des Tournelles, où elle habitait depuis octobre 1834, pour le 14, rue Sainte-Anastase.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne