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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 9 août 1855, jeudi après-midi, 3 h.

Je viens de terminer ma volumineuse correspondance, que le diable emporte, mon cher petit homme, et je viens débarbouiller ma pensée auprès de toi de toutes les éclaboussures d’encre qu’elle a attrapéesa pendant tous ces affreux gribouillis plus ennuyeuxb les uns que les autres. Maintenant, je n’ai plus que le temps de te donner mon cœur bien vite pour tâcher d’être prête à l’heure dite. De ton côté, mon cher petit homme, ne te fais pas trop attendre et que nous ayons le temps d’aller à jambe reposée chez ces braves Charrassin. Du reste, je suis assez malingre ce soir et la pensée seule d’être avec toi toute la soirée me donne le courage de sortir. Je ne sais pas à quoi cela tient mais je souffre sourdement par tout le corps depuis déjà assez longtemps.
Mon dieu que je suis bête ! On croirait toujours que mes élucubrations sont destinéescà Thomas Diafoirus et que j’emprunte mon style à M. Purgon [1], révérence Molière gardée. Pardonne-moi, mon cher petit Toto, de ne pas mieux savoir déguiser mes HUMEURS et aime-moi comme si j’étais la plus aimable, la plus appétissante et la plus spirituelle des femmes et des Juju. Je te baise bon pied bon œil et je t’adore tout vif.

Juju

BnF, Mss, NAF 16376, f. 314-315
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

a) « attrappé ».
b) « ennuieux ».
c) « destinés ».

Notes

[1Personnages de jeune médecin et d’apothicaire ridicules dans Le Malade imaginaire (pièce jouée par Juliette dans sa jeunesse).

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