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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 août 1855

Jersey, 5 août 1855, dimanche après-midi, 2 h.

Il y a aujourd’hui trois ans que nous avons abordé dans cette charmante petite île, mon cher adoré, et depuis le premier jour jusqu’à celui-ci, je n’ai pas cessé un seul moment de remercier Dieu et de le bénir de son infini bonté envers nous deux. Je t’aime, mon Victor, je voudrais trouver des mots nouveaux et qui n’aient jamais servi à personne pour te dire mon amour qui n’a pas son pareil en ce monde mais, hélas ! loin d’en inventer de neufs, je sais à peine me servir des vieux. C’est ce qui m’humilie et me décourage souvent quand j’essaie de te raconter mon cœur. Cependant, mes tendresses qui n’ont pas les mêmes scrupules sautent à pieds joints par-dessus les fossés de la syntaxe et mes baisers culbutent à qui mieux dans pièges à loup de la grammaire sans en être autrement effarouchés. Telle est leur force. Ah ! que je vous VOUEILLE vous ficher de moi ! En attendant, j’ai une envie de femme GROSSE de sortir avec vous. Peut-être ma petite connaissance viendra-t-elle tout à l’heure ? Dans ce cas-là, j’irais peut-être au devant de toi jusqu’à la lanterne. J’aurai soin dans ce cas-là de te laisser mon itinéraire aller et retour dans le cas encore où tu me croiserais sans que je te voie. Je n’ai pas vu le moindre Préveraud bien que ce soit assez leur habitude de sortir le dimanche. Mais je pense que la démarche aurait tout à gagner à être faite par toi. Cependant, si tu veux absolument que j’essaie d’attendrir ce bourgeois démagogue, je le ferai au risque d’échouer dans ma tentative. Et puis donne-moi donc le bon sur V. M. 410 F.  14 s. sur lesquels il n’y aura que 66 F. 11 s. à ta charge. Sur ce, je vous baise avec toute la table de multiplication indéfiniment multipliée.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16376, f. 309-310
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa


Dimanche, 5 août 1855

N’oublie pas de laver tes yeux, cher adoré, je sors à 3 h. ½. Je vais par le chemin ordinaire à la lanterne et dans la prairie qui suit, après avoir traversé le ruisseau. Même chemin pour revenir. Tâche de venir nous joindre bientôt.

BnF, Mss, NAF 16376, f. 311
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

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