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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 février [1836], mardi 9 h. ½

Bonjour toi, bonjour mon bien-aimé. Bonjour mon Victor adoré. Il y aura ce soir trois ans que vous êtes mon cher petit amant. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je vous aime encore plus que le premier jour quoique je ne sache comment cela a pu se faire puisque je vous aimais alors de toute mon âme. Mon bon petit Toto, comment as-tu passé la nuit ? As-tu sentia que je t’aimais, que mon âme et ma pensée veillaient avec toi pendant que tu travaillais pour moi ?
Tu ne sais pas, mon cher bien aimé, combien je t’aime. J’éprouve une difficulté insurmontable à te le dire, parce que je pense dans une langue (celle du cœur) qui ne se traduit pas facilement dans celle de l’esprit que j’ignore complètement. Mais que je te le dise mal, c’est un inconvénient sans doute, mais si tu vois le fond de mon cœur à travers le barbarisme de mon langage, tu dois être bien heureux et bien fier d’inspirer un pareil amour.
C’est ce soir le grand, le bel ANNIVERSAIRE.
Je suis prête à le CÉLÉBRER DIGNEMENT, ET VOUS ?
Je t’aime mon Victor.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 109-110
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa
[Souchon, Massin, Pouchain]

a) « sentie ». Les erreurs de genre, pour lui comme pour elle-même, sont assez fréquentes sous la plume de Juliette, et légèrement troublantes.


16 février [1836], mardi soir, 9 h.

Mon cher petit bijou d’homme, il se trouve que je vous aime encore plus cette année-ci que l’autre et ainsi de suite. Je ne me charge pas d’expliquer ce phénomène, je l’éprouve, voilà tout.
Si vous aviez un peu de sang d’amoureux dans les veines, vous viendriez très tôt en l’honneur de l’ANNIVERSAIRE. Je ne dis pas cela à cause de Lucrèce, qui est finie à l’heure qu’il est. Mais je le dis pour Mlle Juju, qui n’a pas encore commencé parce qu’elle vous attend pour jouer SON RÔLE. Vous saurez mon cher petit homme que nous n’avons pas fait la moindre orgie. Turlurette n’ayant pas su rien acheter, nous nous sommes bornées au quartier de pomme et au morceau de fromage de fondation. Je ne compte plus que sur vous pour faire MON MARDI-GRAS.
Cher petit Toto adoré, je t’aime ; c’est bien plus que cela, je donnerais cent fois ma vie pour ton mouchoir, pour RIEN. Mon Victor chéri, viens si tu peux ou donne-moi une pensée en échange de toute ma vie que je te donne cent fois par minute.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 111-112
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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