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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 22 fév[rier] [18]63, dimanche, 4 h. ½ après midi

Cher adoré, au bruit qu’a fait ta fenêtre quand tu l’as fermée je me suis retournée si vivement que j’en suis restée sur le coup une demia minute sans pouvoir faire aucun mouvement d’aucun côté. Quand j’ai pu reprendre position, tu tournais le dos toi-même probablement pour aller te promener sur la montagne sans moi, hélas ! de sorte que j’ai eu deux crève-cœurs du coup, celui de n’avoir pas échangé avec toi nos doux signaux à distance [1] et celui plus grand encore de ne pouvoir pas sortir avec toi aujourd’hui et par ce beau temps. Mais j’ai si peur d’une attaque de goutte à fond que je n’ose pas me risquer en ce moment-ci car je sens que cela ne tient à rien et que la podagrerie [2] guette tous les prétextes pour s’installer en permanence dans ma pauvre carcasse. Plains-moi, mon doux adoré, car rien n’est plus pénible à supporter pour moi que le sacrifice du bonheur d’être avec toi. Tâche de revenir avant la nuit fermée, pense à moi pendant que je te regrette, que je te désire, que je t’aime et que je t’adore.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 48
Transcription de Chantal Brière

a) « demie ».

Notes

[1Hugo et Juliette communiquaient par signes de maison à maison.

[2Goutte touchant le pied.

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