20 mai 1863

Guernesey, 20 mai [18]63, mercredi matin, [8 ?] h.

Rebonjour, mon cher bien-aimé, que tout soit à souhait pour ta santé et pour ton bonheur aujourd’hui et toujours. Tu me parais gai et dispos, ce matin, ces apparences sont-elles de bon aloi ? Répondez en toute sincérité et de mon côté je vous dirai que j’ai dormi comme une bûche malgré les [illis.] agitations du [illis.] et que je me porte allègrement bien ce matin. Si vous n’êtes pas content SOYEZ-LE et aimez-moi tout de suite. On dirait que la pluie a fermé son robinet, peut-être pas pour longtemps, mais je vais en profiter pour faire faire MON MÉNAGE À FOND séance tenante. J’espérais même pouvoir prendre un bain aujourd’hui mais il fait trop humide pour me risquer dans le trajet de chez moi à la baignoire : [THAT ?] [illis] [BATH ?]. Je ferai mes ablutions à domicile ce qui sera plus prudent. J’entends en ce moment la mélopée des marins qui font la manœuvre pour sortir du port, c’est à la fois un chant et un sanglot, c’est doux comme une prière et triste comme [illis]. Que Dieu les protège et les ramène tous sains et saufs dans leur foyer. C’est demain que ma jeune couvée doit faire son entrée dans le monde, depuis longtemps, déjà, la mère poule fait entendre, elle aussi, son petit hèlement [illis.] clic, [clac ?], cloc, à [plusieurs mots illisibles] la vie [ces petits non éclos ?] nous saurons demain jusqu’où son [illis.] sera réalisé. Dès le premier jour de couvage elle avait cassé un œuf, le treizième [nous verrons ?] combien il [illis.] de poussins sur les 12 restants. En attendant, je te baise à poil et à [plume ?] à corps et à âme et je t’aime de tout mon cœur.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 131
Transcription de Chantal Brière