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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 17 avril [18]63, vendredi soir, 5 h. ¾

Ceci est une restitus au galop mais quoiqu’elle fasse feu des quatre pieds, ma pensée va encore plus vite et mon amour encore plus fort. Aussi je n’en comprends pas beaucoup l’utilité pour toi à moins que ce ne soit pour le plaisir de me voir patauger à fond de train dans les difficultés de la grammaire. Mais cela ne m’intimide pas, AU CONTRAIRE, car j’ai le cynisme de mon ignorance et le courage de mon amour. Aussi tant que je pourrai mettre une patte de mouche l’une devant l’autre ce sera pour écrire ce mot : JE T’AIME. Te voilà, mon bien-aimé, quel bonheur, je vais te voir en chair et en os, ce qui est encore meilleur que de mettre du noir sur du blanc.

6 h. ½

Je reprends mon cœur où je l’ai laissé en attendant que tu veuilles bien le garder à ton tour une bonne fois pour toutes. Je suis bien heureuse de voir que ton rhume diminue, mon pauvre adoré. J’espère que demain il n’y paraîtra presque plus si tu ne fais pas d’imprudence et si tu ne répètesa pas trop souvent ton fameux vers latin [1], car rien n’enrhume comme le latin. En attendant je me goberge dans un doux mutisme et je fais la nique à toutes vos scies. Attrapé ; c’est bien fait et je m’en TORDS, va !

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 98
Transcription de Chantal Brière

a) « répète ».

Notes

[1Vers du poète satirique Perse : « Torva mimalloneis implerunt cornua bombis  », dont Juliette cite le premier terme sous forme de jeux de mots à la fin de sa lettre. La lettre du 18 avril cite l’intégralité du vers.

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