Paris, 11 juin [18]79, mercredi, 1 h. ½ du s[oir]
Cher bien-aimé, je te remercie de tout mon cœur de me conduire aujourd’hui à Saint-Mandé [1]. J’espère que cette condescendance sera récompensée par de bonnes nouvelles de ta chère fille. En attendant j’ai essayé de faire un peu diversion à la souffrance aiguë de mes genoux en prenant un long bain ; mais, jusqu’à présent, je n’en éprouvea aucun soulagement ; et pour peu que cela persiste avec cette intensité il me sera impossible de mettre un pied devant l’autre. Je t’ai porté ce matin pendant que tu dormais une lettre de l’Internationale de Londres dont tu es le président honoraire et Edmond About le président effectif et Lermina le secrétaire. Cette lettre contient les statuts de cette association, tu feras bien d’en prendre connaissance pour savoir s’il y a lieu d’y répondre tout de suite.
Je crois qu’il faut faire à Meurice ce soir les honneurs de l’inauguration de la salle à manger qu’il a pris la peine de créer avec toi. Sauf meilleur avis je fais tout préparer pour cela. Tu décideras en dernier ressort si cela te convient. En attendant j’espère déjeuner avec toi à moins que tu ne tardes encore bien longtemps. Cher bien-aimé, je suis bien patraque mais mon cœur est plus vivant que jamais. Je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 149
Transcription de Chantal Brière
a) « n’éprouve ».